La Société Française de Pharmacologie et de Thérapeutique soutient l’action du CHU de Tours ainsi que le réseau des Centres de Pharmacovigilance et d’Information sur les médicaments face à la diffusion de fausses nouvelles concernant la vaccination, reprenant abusivement les intitulés et logo des Centres de Pharmacovigilance.
Cette désinformation a pour but de dissuader les patients de recourir à la vaccination, seul traitement préventif efficace notamment contre les formes graves de COVID-19.
Communiqué de presse 8 novembre 2023 SFPT – Hydroxychloroquine 30 000
Forte de l’expertise de ses membres dans les domaines des essais cliniques et du bon usage des médicaments, la Société Française de Pharmacologie et de Thérapeutique (SFPT) désire rappeler que le seul cadre applicable à la prescription systématique à large échelle d’un médicament en dehors de toute autorisation de mise sur le marché (AMM) et en dehors des dispositifs spécifiques de prescription autorisés par l’Agence Nationale de Sécurité des Médicaments (ANSM), est celui de la recherche. Afin de protéger les patients de tout écart, des textes internationaux comme la déclaration d’Helsinki et des textes réglementaires européens et français précisent les modalités de la réalisation de telles évaluations. Ainsi, en l’absence d’AMM, l’évaluation des effets d’un médicament ne peut être réalisée que sous couvert de la loi Jardé (loi sur les recherches impliquant la personne humaine) qui impose notamment l’obtention d’un accord de l’ANSM et d’un Comité de Protection des Personnes ainsi que le respect des procédures de gestion des données définies par la CNIL et le règlement européen. La publication récente de données issues des activités de l’IHU de Marseille entre mars 2020 et décembre 2021 (Brouqi et al, New Microbes New Infect oct. 2023) déroge à ces principes éthiques et réglementaires fondamentaux. Outre la provocation envers l’ensemble de la collectivité médicale et scientifique que constitue cette publication, c’est bien l’éthique de la recherche et la protection des patients qui se trouvent ainsi remises en cause. Dans ce contexte, la SFPT s’associe au Ministère de la Santé et de la Prévention, au Ministère de la Recherche et de l’Enseignement Supérieur ainsi qu’à l’ANSM pour dénoncer le cadre inapproprié de ces activités.
La SFPT a pris connaissance le 13 juin dernier d'une expertise collective ayant conduit à la publication d'une liste de médicaments dits essentiels. Si l'intérêt potentiel d'une telle liste en termes de Santé publique est évident, la SFPT et l'ensemble de ses membres s'interrogent sur la méthodologie ayant conduit à cette sélection. La SFPT questionne notamment le processus ayant présidé au choix des différentes sociétés savantes et à celui des experts. La lecture de la liste interroge par ailleurs le rationnel médical et scientifique à la base du processus de sélection dans la mesure où de nombreux médicaments essentiels n'y figurent pas et que le choix de certains médicaments apparait fortement discutable. Enfin, l'absence d'implication de l'ANSM et de la HAS dans ce processus pose aussi question. La SFPT et ses membres demeurent disponibles pour participer à la consolidation de ce premier travail de sélection afin que, sur la base d'une analyse bénéfice/risque, une liste de médicaments essentiels puisse être validée.
Vous pouvez retrouver en ligne l'intégralité de la tribune du journal le monde daté du 31 mai, initiée par la SFPT et signé par 16 sociétés savantes et organisations de recherche: "Recherche clinique à l’IHU de Marseille : « En l’absence de réaction des institutions, les graves manquements constatés pourraient devenir la norme »
3 mars 2023 (version PDF) Le document dans sa version actuelle discute de la levée éventuelle de l'obligation vaccinale des professionnels de santé relative aux vaccins concernant la diphtérie, le tétanos, la poliomyélite, l'hépatite B et la Covid-19. Les propositions avancées se basent notamment sur les risques de contamination des personnels et de transmission aux patients, sur la gravité des pathologies et l'existence de vaccins dont la balance bénéfice-risque est favorable. Pour justifier une partie des propositions, il est mis en avant des arguments épidémiologiques relatifs à la faible incidence de certaines de ces pathologies, au risque potentiellement faible de contamination à l'occasion de l'activité professionnelle notamment pour la diphtérie, le tétanos et la poliomyélite ainsi qu'au risque faible voire nulle de transmission aux patients (hors hépatite B et Covid). Dans ces conditions, il est proposé de suspendre l'obligation de vaccination pour la diphtérie, le tétanos et la poliomyélite ainsi que de levée l'obligation pour la Covid-19. Si le point de vue épidémiologique peut être entendu, à la limite près que la circulation du virus de la poliomyélite semble être en augmentation (virus dans les eaux usées à Londres et augmentation des cas aux USA et en Israël), d'autres éléments doivent être pris en compte tels que l'exemplarité afin de lutter contre les mouvements anti-vaccins qui, en France, ont pris le pas sur la juste nécessité de développer la prévention. Il serait en effet paradoxal de lever l'obligation vaccinale pour le DTP chez les soignants alors que cette obligation a été introduite pour la population générale. Pour ces 3 pathologies, un autre prétexte est celui de l'absence de vaccins monovalents obligeant à l'utilisation d'un vaccin tétravalent incluant la coqueluche. Il est important ici de rappeler les recommandations relatives aux rappels du vaccin contre la coqueluche pour tout adulte au contact de nouveau-nés et de nourrissons. Dans ce contexte, la question se pose donc aussi de l'obligation vaccinale contre la coqueluche pour les professionnels de santé au contact de nouveau-nés et de nourrissons. Pour l'hépatite B, il semble clair que la question de la levée de l'obligation ne se pose pas. Le risque est en effet réel et grave, tant pour le soignant de se contaminer que sur le risque ensuite de transmettre cette pathologie aux conséquences potentiellement dévastatrices. Il convient dans ce cadre de rassurer la population générale et celle des soignants sur l'excellente balance bénéfice-risque des vaccins disponibles contrairement à ce qu'ont pu laisser penser certains débats purement nationaux dans les années 1990. La question des vaccins Covid est elle aussi sensible. A partir du moment où la balance bénéfice-risque des vaccins est favorable, que ces vaccins préviennent les formes graves de la pathologie et que, nonobstant certains débats, ces vaccins contribuent aussi à réduire la transmission, il n'y a pas lieu de lever l'obligation vaccinale. Ceci concerne particulièrement tous les soignants au contact de patients fragiles sur le plan immunitaire, soit potentiellement une grande majorité de soignants. Sur le plan éthique, la levée de cette obligation aurait par ailleurs pour conséquence la demande de réintégration de soignants suspendus qui, pour la plupart, ont renié les éléments scientifiques fondant la médecine d'aujourd'hui et dont la pertinence de la reprise d'activité est plus que discutable. La question pour les vaccins Covid reste principalement celle du rythme des rappels. Hors déficit immunitaire, le rythme annuel en parallèle du vaccin antigrippal apparait sans doute pertinent. La question de l'obligation vaccinale contre la grippe pour les professionnels de santé devrait d’ailleurs aussi être traitée dans la mesure où l'intérêt de ce vaccin réside notamment dans la diminution de la transmission virale avec pour corollaire une diminution du risque de grippe chez des patients fragiles.
Synthèse de l'avis de la SFPT :
Aucune levée de l'obligation vaccinale pour les professionnels de santé relative aux vaccins DTP, Hépatite B et Covid-19
Discuter l'introduction d'une obligation vaccinale anti-coqueluche pour les professionnels de santé au contact des nouveau-nés et des nourrissons
Discuter d'une obligation vaccinale des professionnels contre la grippe en parallèle d'une vaccination annuelle contre la Covid-19
Au-delà des aspects purement sanitaires, la décision de la HAS sur ce sujet aura un impact bien au-delà des professionnels de santé. Le succès de campagne de vaccination telle que celle annoncée contre le HPV auprès des adolescents dépendra en grande partie du caractère exemplaire des professionnels au regard des vaccins en général. Tout message qui contribuerait à mettre en doute l'intérêt de la vaccination aura à court terme des effets délétères en matière de Santé publique et de prévention.